L’illusion du réel
Nous avons cette particularité de fabriquer notre réalité à partir de ce que nous voyons et de là, découle notre conception du monde, de notre quotidien et de ce qui est vrai.
Connaissez vous l’histoire du sniper et du fermier? C’est une histoire qui circule dans les milieux de la science pour montrer les limites de nos réalités.
Imaginez qu’un sniper d’élite tire sur une cible et s’amuse à loger ses impacts à dix centimètres exactement les uns des autres.
Imaginez maintenant que cette cible constitue l’univers de petites créatures intelligentes qui vivent dessus. La communauté scientifique de cette espèce tirerait inévitablement une loi fondamentale disant que dans leur univers il y a un trou tous les dix centimètres, transformant ainsi le jeu du sniper qui se déroule sur une autre échelle en un principe invariable de leur univers.
Imaginez maintenant un fermier qui élève ses dindes en plein air. Chaque jour à 11h00 de manière invariable, le fermier se rend dans la basse cour pour y apporter le déjeuner de ses volailles. La communauté scientifique des dindes, qui étudie ce phénomène, en déduit alors une loi fondamentale qui s’applique à leur univers depuis qu’elles existent: la nourriture arrive chaque matin sans exception à 11h00. Après avoir longuement débattu du phénomène, les dindes scientifiques décident en ce jour de Noël de présenter cette loi fondamentale au reste de la population des dindes: or ce même jour, à 11h00 aucune nourriture n’arrive et au contraire toutes les dindes se font égorger.
Fragilité du sentiment de réalité dès lors que l’on dézoome le réel.
Il en est ainsi également du paysage et de ce que l’on regarde à un moment donné. Vous êtes sur une montagne, sur un rocher, ou sur les hauteur de Bretagne romantique à regarder les plaines, les vallées, les sommets environnants, l’océan… et vous goutez l’instant présent. Le présent? Il s’agit d’ores et déjà d’une déformation de la réalité, car en vérité, le paysage est une addition d’unités spatio-temporelles différentes appartenant donc à différents passés qui nous parviennent en même temps à la vitesse de la lumière à un même endroit. Certes à une échelle temporelle infiniment courte, lorsqu’il s’agit de notre champ visuel ce n’est pas perceptible, mais il en est ainsi de tout ce qui existe autour de nous.
De la même manière, le bleu du ciel ou de la mer, le vert de la végétation, des champs et des forêts n’existent pas vraiment, ce sont certains rayons lumineux du soleil qui sont refusés par les plantes ou par l’atmosphère tandis que tous les autres rayons sont absorbés. La couleur de nos réalités est donc majoritairement constituée par celles refusées par la nature…
Arrêtez vous un peu sur cette vérité : c’est vertigineux non ?
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Et bien parce qu’une intelligence artificielle dans les semaines/mois qui viennent va venir brouiller encore un peu plus les pistes de nos réalités. Ce système encore en expérimentation entre les mains de quelques « privilégiés » pour la tester, sera bientôt disponible à tous pour quelques dizaines d’euros par mois. C’est une déferlante d’un nouveau monde et de nouveaux équilibres qui risque d’engloutir notre sens du réel et de notre créativité aussi bien visuelle que sonore. Vous ne me croyez pas? Hé bien cliquez sur ce lien et regardez cet extrait. Gardez en tête une chose: rien n’est vrai dans cette vidéo, absolument tout jusqu’au moindre détail des visages, des décors sort d’une intelligence artificielle qui a juste été sollicitée vocalement pour décrire une ambiance, une intention.
En attendant, le marché ambulant est bien réel lui, et pour le faire vivre nous avons besoin de vos commandes !
Bonne semaine !
Focus sur…
Dans ma zone: Toucher terre
La France a perdu 50 000 agriculteurs en dix ans. Le pays compte environ 400 000 chefs d’exploitation (dont 25% de femmes) contre 1,6 million en 1986, et 55% d’entre eux ont plus de 50 ans aujourd’hui. Alexis Gourvennec, l’un des artisans du modèle agricole breton, répétait dans les années 70 qu’il fallait « se débarrasser des minables ».
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