Vous avez été nombreux à réagir à notre dossier “suivre le chemin de l’eau en Bretagne Romantique”. Alors que nous commençons à déployer l’idée d’une Grande Traversée de Bretagne Romantique, qui à travers un itinéraire de randonnée, mettra en valeur l’extrême diversité et richesse du patrimoine naturel de notre territoire, nous vous proposons d’en poursuivre la découverte à travers ses spécificités écologiques et environnementales. Il est souvent étonnant de réaliser que nos campagnes et nos paysages “ordinaires”, puissent être liés à des enjeux environnementaux régionaux, nationaux voire internationaux que nous ne soupçonnons pas.
Géologie et hydrologie en Bretagne Romantique
La Bretagne Romantique fait partie des basses terres de la Bretagne, cela signifie qu’il n’y a pas de large massif structurant le paysage. Le territoire est constitué surtout de roches granitiques qui sculptent une partie du sol au nord du territoire où sont exploités les carrières de granit parmi les plus importantes de la région, mais également de schiste, une roche plus tendre qui engendre des plaines, c’est grâce à ces plaines que le territoire est particulièrement favorable aux activités agricoles.
Vous avez probablement remarqué que le sud du territoire (les collines de Bécherel jusqu’aux contreforts de Hédé Bazouges par exemple) est plus en relief que le reste de la communauté de commune. C’est le témoignage d’une ancienne faille géologique, vestige d’une bataille titanesque entre 2 plaques tectoniques qui, dans leur collision, ont créé cette élévation.
Ces alternances de plaines et de hauteurs offrent une diversité d’unités paysagères à la Bretagne Romantique; les collines de Bécherel, les vallons de Saint-Thual, le Canal d’Ille et Rance, le bassin de Combourg ou encore le massif granitique de Saint-Pierre-de-Plesguen.
En ce qui concerne l’eau, la communauté de commune a la particularité de faire partie de 4 bassins hydrographiques distincts. Un bassin hydrographique (ou bassin versant) est une zone bien définie qui correspond à l’ensemble de la surface recevant les eaux qui s’écoulent naturellement (selon les pentes par exemple) vers un même cours d’eau ou vers une même nappe d’eau souterraine. Ainsi, les ¾ du territoire se placent sur le bassin versant du Linon (affluent de la Rance) et le quart restant se partage entre le bassin côtier de la région de Dol-de-Bretagne au nord, le bassin versant du Couesnon au nord-ouest et le bassin versant de l’Ille au sud-ouest. Mais la particularité de notre territoire, c’est qu’on y trouve 3 têtes de bassins versants : c’est à dire que c’est là que prennent sources les cours d’eau principaux de chacun des bassins versants. Ce sont des secteurs particulièrement importants car c’est de là que provient l’eau qui s’écoule dans certaines vallées d’Ille et Vilaine. Ces zones nécessitent une attention particulière pour préserver la qualité de l’eau et de son écoulement.
Une dernière caractéristique du réseau hydrologique de la Bretagne Romantique est la présence du Canal d’Ille et Rance, un cours d’eau entièrement artificiel, dont nous parlons plus en détail dans le dossier “suivre le chemin de l’eau en Bretagne Romantique”
Les habitats et la biodiversité en Bretagne Romantique
La rigole du boulet, forêt du Bourgouet
Un habitat est le milieu d’habitation d’une espèce animale ou végétale. On en recense différents types sur le territoire ce qui est plutôt favorable à la présence d’une grande diversité d’organismes vivants.De fait la Bretagne Romantique se situant dans le secteur forestier d’Ille et Rance, on compte une grande variété d’essences d’arbres feuillues et la présence assez fréquente de pins sylvestres.
La forêt du Bourgoüet à Dingé est par exemple composée principalement d’une futaie de conifères (une futaie est un bois ou une forêt composée de grands arbres adultes issus de semis), tandis que les forêts de Tanoüarn et du Mesnil sont à prédominance feuillues, avec un mélange de taillis et de futaies( dans une taillis les arbres sont issue de régénération végétative après avoir été coupés.)
Le territoire de la Bretagne Romantique est également composé à plus de 60 % de terres agricoles. C’est pourquoi, le bocage, emblématique de nos paysages bretons est également relativement développé sur le territoire même s’ il y a quelques disparités dues notamment à la période du remembrement qui a considérablement dégradé la qualité du bocage par endroit (cf cartes)..
La définition du bocage peut varier, mais on peut dire que c’est un habitat constitué principalement de haies bocagères (des linéaires d’arbres qui délimitent les champs et qui sont souvent sur des talus et accompagnés d’un fossé) mais il comprend également les petits bosquets, les vergers, les prairies qui bordent les haies, la flore sylvestre qui borde les sentiers creux… En Bretagne Romantique, on peut voir sur la carte ci-contre que le bocage (en vert clair) est particulièrement développé sur la partie est du territoire au nord et plus au sud.
En plus des 2 milieux boisés précédent (bocage et forêt), on trouve en Bretagne Romantique 4 autres grandes familles d’habitats :
- Les cours d’eau
- Les zones humides : souvent présentes autour des cours d’eau, en fond de vallée
- Les landes, avec notamment les landes de Tanouarn.
- Les tourbières : C’est un milieu très spécial puisque c’est une zone humide caractérisée par la présence de sphaignes, une espèce de mousse. La Bretagne Romantique héberge une tourbière qui se situe à l’étang de Bazouges. C’est une tourbière importante car elle présente un intérêt vis à vis des insectes (surtout les orthoptères qui sont de la famille des sauterelles). L’étang possède, lui, un intérêt ornithologique : on a la chance de pouvoir y observer des rapaces (Épervier d’Europe, Balbuzard pêcheur en migration), des oiseaux hivernants (Fuligule morillon, Mouette rieuse, Canard souchet et de nombreuses espèces de passage selon les migrations…). Et enfin d’autres oiseaux inféodés aux milieux humides, comme la Rousserolle effarvatte, le Martin-Pêcheur ou encore la Grande Aigrette, bref, un vrai plaisir pour les amateurs d’ornithologie.
Dans cette diversité de milieux naturels, certains font l’objet d’une protection particulière:
- Une Zone Natura 2000: les étangs du Canal d’Ille et Rance.
C’est un site naturel de l’Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par sa faune et sa flore exceptionnelle, nous avons la chance d’en posséder une partie en Bretagne Romantique sur les territoires de Tinténiac, Québriac, Dingé et Hédé-Bazouges. Vous pouvez y observer des espèces menacées comme l’Agrion de mercure une espèce de libellule et le Coeléanthe délicat une plante très rare en Europe puisqu’on la trouve uniquement en Bretagne et Mayenne et en Europe de l’est
- Treize Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF), dont 10 étangs, 1 marais et 2 forêts (du Mesnil et de Coëtquen). Ces zones reposent sur la présence d’au moins une espèce déterminante, c’est-à-dire remarquable, menacée ou importante pour les écosystèmes.
- Un espace protégé par arrêté préfectoral. C’est le clocher de l’église de Dingé! Il y a eu un arrêté préfectoral car une colonie de grands murins a décidé d’y nicher, c’est une espèce protégée de chauve-souris car comme pour tous les chiroptères ses effectifs sont en large baisse ces dernières années.
Tous les espaces/habitats précédents sont favorables à l’accueil de nombreuses espèces animales et végétales. Cependant, seuls certains espaces sont protégés. Or la nature est complexe, chaque organisme interagit avec tous les éléments qui l’entourent. Ainsi, protéger une zone sans prendre en compte les espaces qui l’entourent revient à ignorer que la nature vit, se déplace, évolue et a besoin d’espace et de liberté pour le faire. C’est aussi un choix de société important que celui qui consisterait à se contenter des îlots de protection qui nous donneraient bonne conscience, en nous épargnant le souci de la qualité de notre environnement ordinaire partout ou l’on vit. Ce n’est heureusement pas l’orientation choisie pour l’instant et c’est heureux car nous avons tous suffisamment expérimenté le confinement ces derniers mois pour nous rendre compte qu’il n’est pas propice à notre épanouissement: il n’y a aucune raison de croire qu’il en va différemment avec la nature.
C’est pourquoi, depuis quelques années, les scientifiques se sont penchés sur la conception d’outils permettant de concevoir la bonne santé écologique des territoires, non pas en créant des “clusters” isolés de zones protégées mais en conviant la biodiversité à cohabiter avec nous, humains (ou plutôt pour nous réapprendre à cohabiter avec elle). Un de ces outils est la Trame Verte et Bleue!
C’est quoi la Trame Verte et Bleue?
Vous avez déjà entendu parler de crapauduc? ces tunnels sous les routes pour laisser passer les crapauds en période de reproduction, ou encore des passages à faune au-dessus des autoroutes pour permettre le déplacement des cerfs, chevreuils, sangliers et autres … Ces aménagements sont faits pour faciliter le déplacement des animaux dans le cadre de la Trame Verte et Bleue.
Pour pouvoir survivre et mener à bien leurs cycles de vie (pour se nourrir, se reproduire, ou encore trouver un endroit propice pour élever leurs petits…), les animaux ont besoin de se déplacer de différents milieux naturels à d’autres. Ces milieux naturels où les animaux prospèrent sont appelés “Réservoirs de biodiversité” (ce sont souvent des espaces protégés). Pour qu’ils puissent aller d’un réservoir à un autre, ils passent par “des corridors ». Les corridors permettent aux espèces de se déplacer en toute sécurité et sans contrainte.
L’addition de ces 2 concepts de Réservoirs de biodiversité et de Corridor forment ce que l’on appelle des Continuités écologiques : C’est la Trame Verte et Bleue.
Pourquoi est-elle verte et bleue ?
Tout simplement parce qu’il existe 2 grandes familles de milieux:
- les milieux aquatiques (cours d’eau, zones humides, lacs): c’est la Trame Bleue
- les milieux terrestres ( prairies, zones agricoles aux pratiques favorables, milieux boisés): c’est la Trame Verte.
Il existe d’ailleurs d’autres trames comme la trame noire qui se préoccupe de la qualité des espaces sombres et des impacts de la pollution lumineuse sur certaines espèces pour se déplacer, se reproduire, se repérer.. mais aussi dans l’impact que cela peut avoir sur l’artificialité des saisons et des alternances jour/nuit qui perturbent les cycles de végétaux et d’animaux. Ou encore la trame brune qui concerne la continuité de la qualité écologique des sols, victimes de pollution et d’artificialisation. La trame bleu marine pour les milieux marins…L’intérêt du concept de trame est sa capacité à se décliner en tenant compte de toutes les singularités et particularités inter-espèces, inter-milieux.
Pourquoi la Trame Verte et Bleue a-t-elle été mise en place?
Le concept de trame apparaît en 2007, lors du Grenelle de l’environnement, et c’est aujourd’hui un cadre et un outil central pour intégrer environnement et la biodiversité dans les projets d’aménagement du territoire.
Le but de la Trame Verte et Bleue est de permettre à la faune et la flore de se déplacer, se reproduire et ainsi d’enrayer leur baisse drastique ou la menace de leur disparition. C’est une invitation à restaurer, préserver ou réaménager nos milieux ordinaires au service de cette cohabitation.
Nos paysages ordinaires ont subi de nombreux changements avec une accélération ces dernières années et ils sont de plus en plus fragmentés. La fragmentation est un morcellement de l’espace, qui gêne voire empêche une ou plusieurs espèces de se déplacer comme elles le devraient et le pourraient. En l’absence de corridors spécifiques, nous connaissons tous ces zones de “collisions” que représentent les routes situées en plein milieu d’une zone migratoire de batraciens, ou notre D137, qui fait chaque année des ravages dans les effectifs d’une faune téméraire qui a tenté sa chance.
Les causes principales de la fragmentation sont les constructions d’habitations, d’axes routiers, la mise en place de barrages aquatiques… d’où l’importance aujourd’hui d’intégrer ces notions dans les projets d’aménagement du territoire…
Crédit photo : Laurent Mignaux – Terra. Source : Observatoire de l’environnement Bretagne
Une autre cause de la fragmentation de notre paysage breton est le remembrement. Cette planification massive a débuté dans les années 1970, avec pour objectif de rassembler les parcelles agricoles afin d’en faciliter l’exploitation. De ce fait, les exploitations en monoculture se sont développées au dépend du bocage, des prairies, des haies, des vergers qui séparaient initialement les champs.
Sur ces images on peut bien voir l’impact qu’a eu le remembrement. Vous pouvez observer à gauche une image satellite du nord-ouest de la Chapelle aux Filtzméens en 1950 et à droite une image satellite de ce à quoi cela ressemblait en 2012. On observe bien des parcelles plus grandes avec beaucoup moins de bocage…Si vous souhaitez regarder à quoi ressemblait le paysage bocager de votre lieu d’habitation en 1950 vous pouvez consulter ce site : https://geobretagne.fr/sviewer/dual.html
Depuis quelques années on se rend compte que le bocage assure pourtant un rôle important en tant que corridor écologique pour de nombreuses espèces. On peut citer en premier les oiseaux pour qui les haies offrent à la fois le gîte et le couvert. Ils peuvent, en effet, facilement y dissimuler leur nid, au sol ou dans les branches et se nourrir d’insectes dont les haies font profusions ou de baies et fruits. La haie héberge également batraciens et micromammifères (Campagnoles, musaraignes, lérot…). Mais le bocage est également utile à des mammifères plus imposants. Par exemple, les chevreuils s’en servent parfois comme refuge et surtout pour s’orienter pour rejoindre les forêts.
La trame Verte et Bleue est donc un outil très puissant à disposition de tous, des habitants comme des collectivités, pour réfléchir et mettre en place des éléments de préservation et restauration des réservoirs et des corridors écologiques sous toutes les échelles géographiques..
En Bretagne Romantique, ça donne quoi?
La trame verte et bleue fait l’objet d’une réglementation spécifique et plusieurs documents de planification concernant l’aménagement des territoires ont l’obligation d’en définir les contours. Ils obligent à identifier les réservoirs de biodiversité, corridors et à proposer un plan de préservation des continuités écologiques voire même de restauration dans des environnements dits “faiblement connectés” car fortement dégradés au cours du temps. Ces documents sont comme des feuilles de route qui proposent des plans d’actions. En Bretagne Romantique, la trame verte et bleue dans son contexte général est identifié par trois documents principaux :
- Le Schéma de Cohérence Territorial du Pays de Saint-Malo (SCoT)
- Le Schéma Régional de Cohérence Écologique de Bretagne (SRCE)
- le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET)
la carte de la sous-trames foret et bocage- Pays de Saint Malo
Il en est également fait mention dans le PCAET de Bretagne Romantique (Plan Climat Air Energie Territorial), et doit être pris en compte dans le PLUI (Plan local d’Urbanisme intercommunal) qui est actuellement en cours d’élaboration par la Communauté de Commune.
Ces documents ont permis d’identifier plusieurs éléments afin d’établir un plan d’action pour la protection des continuités écologiques et donc, de la faune et flore.
→ Les sous trames
Pour pouvoir appliquer la Trame Verte et Bleue à une plus petite échelle comme celle de la Bretagne Romantique, des sous-trames des 2 grandes trames aquatiques et terrestres sont identifiées et définissent les différents milieux. Les sous-trames sont des espaces constitués par un même type de milieu connecté entre eux.
En Bretagne romantique on retrouve 4 sous-trames (carte des sous trames forêts et bocages ci-dessus) :
- Le bocage
- Les forêts
- Les zones humides
- Les cours d’eau (carte des sous trames humides et cours d’eau ci-dessous)
Au sein de ces sous-trames, on compte des réservoirs de biodiversité complémentaires que sont tous les boisements forestiers de plus de 20 ha ( bois de la fosse aux loups à St Thual par exemple). Les zones bocagères denses sont aussi des réservoirs complémentaires pour certaines espèces, ainsi que les landes et les cours d’eau.
→ Les Grands Ensembles de Perméabilité (GEP)
Lors de la mise en place de la Trame Verte et Bleue en Bretagne, des Grands Ensembles de Perméabilité ont été cartographiés sur toute la région. Ces GEP sont des espaces homogènes, pas classés selon leur type d’habitat mais selon leurs niveaux de connectivité. C’est-à-dire que les déplacements au sein de ces espaces sont considérés comme plus ou moins faciles pour les espèces, plus un espace possède des habitats connectés, plus les espèces vont pouvoir se déplacer facilement.
Il y a ainsi 28 GEP en Bretagne et la Bretagne Romantique est à cheval sur 2 d’entre eux ; le Grand Ensemble de Perméabilité n°18 qui est caractérisé par des espaces faiblement connectés (ce qui signifie que les espaces naturels sont plus souvent isolés, et que la trame est fortement dégradée et à restaurer), et le Grand Ensemble de Perméabilité n°25, qui lui, est décrit comme fortement connecté ce qui est en majorité dû à la présence d’un bocage plus dense.
→ Les Corridors Écologiques Régionaux (CER)
A l’échelle de la Région Bretagne, des corridors écologiques importants dits Corridors Écologiques d’intérêts Régionaux ( CER) ont été identifiés. Deux d’entre eux traversent la Bretagne Romantique, et leur connexion révèle un enjeu important pour la faune. Grâce à ces corridors, des habitats relativement éloignés géographiquement sont ainsi reliés et les animaux peuvent emprunter ce chemin. Par exemple, ces corridors peuvent servir aux cerfs, chevreuils qui peuvent parfois parcourir des milliers d’hectares pour s’alimenter ou se reproduire.
Le Corridor Ecologique Régional n° 15 : Connexion entre les massifs forestiers de Lorge à Brocéliande, et les massifs forestiers du nord de l’Ille-et-Vilaine.
C’est un corridor à l’intérieur des terres. Son enjeu est la connexion entre les massifs forestiers de Bretagne Romantique, comme la forêt de Tanouarn, de Bourgouët, du Mesnil avec 3 autres massifs forestiers des Côtes d’Armor (de Coëtquen, de la Hardouinais et du Boquen).
Le Corridor Ecologique Régional n° 16 : Connexion entre les massifs forestiers et le bocage des marches de Bretagne et le plateau du Penthièvre.
C’est un corridor s’étendant de l’extrémité nord-est de notre communauté de commune jusqu’au commencement de la Mayenne. L’enjeu repose sur la connexion des boisements, et en Bretagne Romantique dans cette zone cela concerne surtout le bocage.
L’identification de ces Grands Ensembles de Perméabilité ( GEP) et des Corridors Ecologique Régionaux (CER) illustre bien le fait que la Bretagne Romantique est connectée à des milieux voisins, la communauté de commune n’évolue pas seule, elle n’est pas fermée. Chaque milieu naturel (un groupe d’arbre, une haie, une prairie) fait partie d’un ensemble plus grand, d’une sous-trame. La Bretagne Romantique elle-même est sous de multiples influences d’autres territoires, les animaux n’ont pas les mêmes frontières que nous et même si cela peut paraître évident, c’est un élément à ne pas négliger.
La Bretagne Romantique au sein de la Trame Verte et Bleue à l’échelle nationale
Si les 2 corridors cités précédemment sont importants à l’échelle régionale, ils font partie d’une trame encore plus grande à l’échelle nationale. La trame nationale est d’une importance capitale avec les bouleversements environnementaux et climatiques pour mieux comprendre la répartition des espèces et ainsi éviter de possibles extinctions.
Ainsi, les 2 corridors (16 et 15) passant par la Bretagne Romantique font partie d’une continuité de la sous-trame “bocage” qui s’étend du Finistère aux Mont d’Arrée jusqu’à la frontière Est de la Bretagne. Une sous-trame importante au niveau national puisque 45 % des réservoirs régionaux de biodiversité correspondent à des milieux bocagers (en surface).
En plus de cette continuité bocagère, il faut savoir que la Bretagne est une véritable terre d’accueil et un lieu de passage très emprunté des oiseaux migrateurs. La Bretagne revêt notamment un rôle majeur pour les migrations nord-sud. Il faut se dire que pour les oiseaux venant du Nord, la région constitue les premières terres qu’ils trouvent après avoir traversé la mer, à l’inverse, ce sont les derniers espaces de ravitaillement pour les oiseaux venant du Sud. Les oiseaux migrateurs ne nécessitent pas de connexions entre milieux mais ils ont besoin de sites relais, où ils pourront faire une pause pour s’alimenter, se ressourcer, ou parfois, nicher.
Sur le littoral on trouve plutôt ces espèces migratrices en escale dans les baies et les estuaires tandis que dans les terres on les trouve autour des lacs, étangs et zones humides qui sont des écosystèmes très favorables et dont la Bretagne Romantique regorge. Vous avez d’ailleurs peut-être rencontré récemment des grèbes ou des foulques sur un de ces plans d’eau près de chez vous qui sont venus nicher et qui repartiront passer l’hiver dans des pays plus au Sud. Ces rassemblements d’oiseaux nous révèlent bien l’importance de ces milieux et la responsabilité que nous avons de préserver voire restaurer la qualité de leur milieu de vie ou d’étape pour que les générations futures puissent à leur tour les admirer.
Quelles actions mises en place pour la Trame Verte et Bleue sur le territoire?
Au delà des aspects règlementaires à l’échelle régionale, ou nationale concernant la trame verte et bleue, de plus en plus de territoires, d’intercommunalités, de départements, de syndicats territoriaux ou de communes initient à leur échelle leur propre identification de la trame verte et bleue, leurs propres inventaires et l’intègrent dans le développement stratégique de leur projet d’aménagement du territoire.
Ainsi le SAGE Loire-Bretagne (Schéma d’Aménagement et Gestion des Eaux) a initié sa propre trame verte et bleue dès 2012 en collaboration avec les différents syndicats de bassin versant, dont celui du Linon: l’une des missions du Syndicat Mixte est de veiller au bon écoulement des cours d’eau en les restaurant, les entretenant en supprimant de possibles obstacles parfois artificiels ( barrages, retenues d’agrément, bassin de rétention) et ainsi, ils participent à rétablir la trame bleue et à préserver et restaurer la biodiversité. Par exemple, le bon maintien de l’écoulement rend les cours d’eau accessibles aux anguilles d’Europe, une espèce considérée comme menacée qui doit faire le voyage de nos côtes Européennes où elle se nourrit, jusqu’à son lieu de reproduction : la mer des Sargasses ( Atlantique Nord).
La qualité de nos petits cours d’eau de Bretagne Romantique est donc importante à l’échelle du département, de la région… mais aussi à l’échelle mondiale!
Le syndicat mixte du Bassin Versant du Linon participe en outre au programme Breizh Bocage. C’est un outil financier européen créé dans le but de restaurer le bocage, d’une part car c’est un élément indispensable dans le maintien de la qualité de l’eau, et d’autre part pour favoriser la biodiversité. Si vous souhaitez participer au programme Breizh Bocage et restaurer ou planter une haie, il vous faut vous adresser au syndicat mixte du bassin versant du Linon (https://bvlinon.fr/les-missions/bocage/).
Tous gardiens de la Biodiversité ?
La Bretagne Romantique révèle des enjeux liés à la fragmentation du territoire. La présence d’axes fracturant (i.e la voie de Rennes-Saint-Malo) ainsi que des obstacles à l’écoulement le long des cours d’eau ont par exemple été identifiés. Mais surtout, la pression d’urbanisation et l’histoire de la région fait qu’elle présente une connexion relativement faible de ses espaces naturels. Il y aurait donc matière à initier une grande réflexion collective et exaltante autour de la notion de trame verte et bleue sur notre territoire en impliquant dans cette concertation l’ensemble des acteurs et de faire de chacun d’entre nous des gardiens concernés et impliqués. La négligence d’un espace naturel même ordinaire peut sembler anodine, mais peut avoir un impact et affecter le fonctionnement écologique à une plus grande échelle.
Les sous-trames zones humides et cours d’eaux et plus particulièrement les sous-trames forêts et bocages qui concernent la totalité du territoire de la Bretagne Romantique sont importantes pour la préservation de nombreuses espèces de mammifères, d’amphibiens, de reptiles, d’arthropodes et d’oiseaux y compris celles du registre dit de la biodiversité ordinaire. Comme nous occupons tous les espaces, chaque action qui réinvite à la cohabitation est importante, qu’importe l’échelle. Cohabiter avec notre milieu naturel et ceux qui l’habitent, commence sans doute par réapprendre à voir, écouter, regarder, se réjouir face à des paysages et une faune et flore ordinaire.. en ressentir tout l’équilibre, la vie et la complexité…; Avec le projet de la Grande Traversée de Bretagne Romantique, c’est un processus auquel nous souhaitons participer en impliquant chacun d’entre vous.