Edito
Limites et promesses d’une alimentation locale ancrée sur le territoire
Après quatre années d’expérimentation d’une aventure collective autour de l’alimentation locale, notre marché ambulant, cœur battant et fer de lance de cette aventure, se retrouve à la croisée des chemins. Malgré un engagement sans faille de citoyens bénévoles, de familles qui commandent régulièrement et fidèlement et des producteurs, le modèle peine à trouver son équilibre, gage de sa pérennité.
Si l’enthousiasme initial était palpable, la stabilisation des habitudes de consommation d’une alimentation locale s’avère plus complexe que prévu. Les crises successives de ces dernières années; COVID, inflation, incertitude géopolitique, crise politique ont perturbé la sérénité nécessaire à une démarche volontariste pour changer les habitudes. La conséquence est que le socle d’une clientèle fidèle pour équilibrer les coûts reste insuffisant.
Même en s’appuyant essentiellement sur les énergies bénévoles, le compte n’y est toujours pas et il manque entre dix et quinze commandes hebdomadaires pour pérenniser l’aventure. Force est d’avouer que les efforts, les évolutions, le soutien de la Communauté de Communes depuis la rentrée de septembre n’ont pas encore donné les résultats escomptés, et d’autres pistes que révèle l’enquête que nous avons menée n’ont pas encore pu être déployées.
Les fluctuations économiques et la concurrence des circuits de distribution traditionnels pèsent sur la fréquentation du marché, de même que les idées reçues autour d’une alimentation locale forcément plus chère, même lorsque ce n’est pas le cas. La tentation des produits industriels low cost plus dénués de saveur et moins bons pour la santé reste forte.
L’enquête menée auprès des consommateurs révèle une adhésion encore trop timide des consommateurs qui peinent à intégrer les réflexes induits par une consommation locale dans leur vie quotidienne et une certaine disparité entre les intentions d’achat et les actes concrets. Si plus de 650 foyers ont testé notre initiative en quatre ans, seuls quelques dizaines en font une habitude régulière.
Pourtant, il est urgent de dépasser cette logique du court terme et d’investir dans une alimentation plus durable, tant sur le plan environnemental que sanitaire. Les enjeux sont immenses : pour notre santé, pour préserver notre patrimoine agricole et la biodiversité de notre territoire, pour réduire notre empreinte carbone, pour consolider le lien social et les solidarités, pour renforcer la production locale et ses acteurs et donc participer à intensifier la souveraineté alimentaire. Ce dernier objectif étant indispensable pour mieux résister aux soubresauts géopolitiques qui s’amoncellent et que le contexte et les enjeux climatiques risquent forts d’accroître. Notre marché, c’est bien plus qu’un simple moyen d’acheter de la nourriture et des produits locaux. C’est un projet complet, un acte citoyen, un engagement politique pour garantir un cadre de vie plus sain pour demain, un vecteur de développement durable, de solidarité de construction d’avenir et une réponse concrète aux défis de notre époque, au défis des mobilités en zone rurale.
Le diagnostic final du PAAT (Projet Alimentaire et Agricole Territorial) mené par la Communauté de Communes, ne dit finalement pas autre chose et notre enquête auprès des clients du marché le confirme : La transition vers une alimentation plus locale nécessite l’engagement de tous, citoyens, consommateurs, producteurs, collectivités et acteurs économiques. Chacun a un rôle à jouer pour construire un système alimentaire plus durable et plus équitable et toutes les pistes pouvant impliquer ces acteurs méritent et devraient être explorées, défrichées ou consolidées.
L’enquête sur les habitudes alimentaires des clients du marché ambulant révèle un intérêt grandissant pour des produits locaux et de qualité. Ils sont de plus en plus nombreux à privilégier les circuits courts, soucieux de la provenance de leurs aliments et de leur impact environnemental. Cependant, l’enquête révèle aussi que cette volonté se heurte à des obstacles concrets : le prix, le manque de temps, l’accessibilité, l’habitude, la négligence sont autant de freins qui limitent une consommation plus généralisée. Les habitudes alimentaires, profondément ancrées, favorisent encore trop souvent les produits industriels transformés et la grande distribution.
Les résultats mettent en évidence des disparités entre les communes et les catégories socio-professionnelles. Nous avons entamé une réflexion pour prendre en compte ces disparités et proposer des solutions adaptées à tous.
Malgré les freins, on sent un potentiel important pour développer l’alimentation locale en Bretagne Romantique. Pour encourager une transition vers une alimentation plus locale, plusieurs pistes sont à explorer qui rejoignent diverses démarches déjà engagées ces derniers mois:
- Sensibiliser et informer : Il est essentiel de mieux informer les consommateurs sur les bénéfices de l’alimentation locale, sur la saisonnalité des produits et sur les points de vente à proximité.
Faciliter l’accès : Multiplier les points de vente en circuit court, développer la livraison à domicile ou accessible à tous - Adapter l’offre : Proposer des produits adaptés à une alimentation diversifiée et aux attentes des consommateurs, pratiques et adaptés aux modes de vie actuels.
Communiquer sur le prix : valoriser le rapport qualité-prix des produits locaux et mettre en avant les bénéfices environnementaux et sociaux. - Soutenir les initiatives locales : Encourager la création de groupements d’achats, de jardins partagés et d’autres projets collectifs qui favorisent la rencontre, la connaissance et la consommation locale.
En conclusion, l’enquête met en évidence un potentiel considérable, un maillage d’initiatives, de réseaux existants, d’opportunités et de préalables plutôt favorables. En agissant ensemble, nous pouvons faire de ce territoire un modèle en matière de consommation responsable et de soutien à l’agriculture locale. L’alimentation locale est bien plus qu’une simple tendance : c’est un enjeu de société qui touche à notre santé, à notre environnement et à notre économie, et nous souhaitons pouvoir, par nos actions, continuer à en être des acteurs pour encore longtemps.
Nous entrons doucement dans le mois dans l’hiver et les fêtes pointent leur museau. On compte sur vous pour booster la consommation locale en ce dernier mois de l’année : Les producteurs, les bénévoles et nos soutiens le méritent.
A l’année prochaine!
l’équipe de BVBR
Vie de l’asso
Youpi, les travaux commencent !
Lancement des opérations dès la semaine prochaine avec des travaux de terrassement pour une mise à niveau, des places de parking dignes de ce nom et surtout la préfiguration des espaces paysagers pour que le design paysager, tel qu’il a été imaginé par les étudiants du CPSA de Combourg, prenne vie. En décembre, ce sont à nouveau les étudiants du CPSA qui sont sollicités pour la préparation des espaces paysagers. Ils vont poursuivre en janvier avec la création d’un mobilier d’extérieur pour vous accueillir au mieux lors des guinguettes. Et en février, le hangar dédié à la guinguette va faire peau neuve avec une restauration nécessaire suite aux dégâts causés par les derniers épisodes climatiques. On se languit déjà du printemps pour inaugurer ces espaces, propices à la fête et au vivre-ensemble !
La Criée des Coups de main, c’est parti !
Dimanche 24 novembre se réunissaient pour la première fois les participants à la Criée des Coups de main : ils viennent de Cardroc, St-Pierre ou Trimer… L’occasion d’échanger sur le concept, venu tout droit de la commune de Ploërdut en Centre Bretagne, et de poser les bases d’une charte. On parle bien ici d’aide ponctuelle, comme un service que l’on rendrait à son voisin ! Cela exclut toute prestation de service, du ressort des professionnels. Les coups de main doivent être proportionnés (pas de travaux de grande envergure), mais surtout inconditionnels, accompagnés par les demandeurs et sans contrepartie.
Les besoins exprimés ce dimanche, divers et variés, ont tous été satisfaits, pour le plus grand bonheur des participants : de l’aide pour planter une centaine d’arbres en janvier, débroussailler un fond de terrain inaccessible, du conseil technique pour aménager un appentis, des bras et des outils pour abattre quelques arbres, ou encore emmener un tracteur tondeuse chez le réparateur… Avec une modestie absolue, les demandes peuvent faire appel à tout type de compétence : conseils en couture, aide à la rédaction d’un courrier administratif, déménager un meuble ou passer alimenter un chat le temps d’un week-end… Toutes les occasions sont bonnes pour nourrir l’esprit d’entraide et les liens sociaux à l’échelle de notre territoire.
Prochaine Criée : dimanche 26 janvier à 10h au tiers-lieu Les Serres.
Recettes du mois
Allez, cette fois on tente une recette un peu plus complexe parce que ça fait du bien aussi de sortir de nos zones de confort et c’est une excellente recette à partager avec le kanelbullar
Sans oublier la farce de Paulette
Brin de culture
Au coeur des solitudes
LOMIG, éd. Sarbacane, 176 p., 29€
Cette très belle bande dessinée est librement inspirée du livre de John Muir: Quinze cents kilomètres à pied à travers l’Amérique profonde.
Né en 1838, John Muir est considéré comme l’un des premiers écologistes modernes. Il parle le langage de la faune et de la flore, nous fait ressentir la respiration de la terre et nous invite à nous en émerveiller.
« Et dans la forêt je pars, pour perdre mon esprit et retrouver mon âme. »
Champs de bataille. L’histoire enfouie du remembrement
I. Léraud/P. Van Hove, éd. La revue dessinée/Delcourt, 192 p., 23€
C’est sans doute le coup de poing ultime de cette fin d’année. Au sortir de la Seconde Guerre, l’État fait redessiner les terres agricoles : « On a détruit la campagne et le monde paysan ». L’agrandissement des parcelles pour favoriser la mécanisation de l’agriculture est une histoire qui hante la mémoire de nombreuses familles bretonnes. “Ça a participé à rompre des formes de solidarité paysanne et villageoise. Cela a conduit à l’extinction d’une société paysanne”, explique Léandre Mandard, agrégé d’histoire et doctorant. Cette nouvelle enquête d’Inès Léraud s’appuie sur ses travaux de recherche.