Mickaël et Tiphaine étaient là, au tout début de l’aventure BVBR : ils furent des premières tournées, quand producteurs et fournisseurs assuraient eux-mêmes les livraisons avec leur camion sous la coordination improvisée de l’embryon BVBR. C’était déjà la préhistoire de notre marché ambulant : jusqu’à 5 à 6 camions défilant en caravane pour livrer les commandes effectuées par les habitants.
Puis lorsque le marché ambulant s’est organisé, Mickael et Tiphaine ont élargi leur activité avec des produits frais, des fruits, des produits de terroirs diversifiant ainsi l’offre.
Les premières tournées ont lieu grâce à un camion, qu’ils ont mis généreusement à disposition les premiers mois, et des chambres froides qu’ils nous ont prêté pour stocker les commandes dans de bonnes conditions. Autant dire que dans l’ADN de notre marché ambulant, il y a un petit peu de leur empreinte.
Mais qui sont-ils, ces deux complices qui habitent Saint-Thual et font fureur sur les plus gros marchés du département ?
Comme d’autres fournisseurs du marché ambulant, leur présence interroge parfois, surtout si on pense que le marché ambulant n’est qu’une courroie de transmission de la production locale et bio du territoire.
Évidemment c’est aussi ça, mais c’est plus que ça. L’idée du marché ambulant, et de BVBR en général, est de réunir un ensemble d’acteur de l’alimentation locale : producteurs, revendeurs, transformateurs, cuisiniers, dès lors qu’ils s’inscrivent dans la dynamique du bassin de vie, proposant une cohérence avec l’alimentation saine, sourcée, de qualité et de proximité. C’est aussi de créer un écosystème d’interlocuteurs et de partenaires que l’on connait afin de proposer une offre la plus exhaustive possible.
Tiphaine est originaire du Quiou et a toujours été sur les marchés. Ses parents étaient marchands de galettes et elle a suivi leur trace. Les marchés, c’est son univers depuis toute petite. Mickael lui, est originaire de Plouasne. Il a été chauffeur routier pendant 22 ans. Quand la société dans laquelle il travaillait est racheté, il choisit de faire partie des départs volontaire et saisit l’opportunité de la prime pour investir et effectuer un virage à 180° en rejoignant Tiphaine sur les marchés. Il raconte « Pour moi ça a été un challenge il y a 9 ans, et on s’en est pas mal sorti, ça n’a pas toujours été facile. On a hésité au début car moi j’ai mon CAP-BEP maraîchage culture légumière et mon frère est maraîcher au-dessous de Paimpol avec une production diversifiée : pomme de terre, chou-fleur, artichaut, coco paimpolais, laitue. On s’est demandé si on n’allait pas proposer ses légumes. Mais des soucis logistiques à l’époque ont rendu ça compliqué. »
Du coup, ils font le choix d’investir dans l’olive et ses produits dérivés peu présents par chez nous. Ils tissent des liens avec des fournisseurs en cherchant un rapport qualité prix intéressant sur des produits nouveaux. C’est le début de « l’Olivade » … Puis petit à petit, l’offre s’étoffe sur des fruits secs, des épices.
Un petit essoufflement se fait sentir et l’an dernier, à peu près à l’époque du confinement, ils diversifient leurs produits avec de l’épicerie fine italienne, espagnole et corse, en travaillant toujours avec des artisans qu’ils connaissent et dont ils suivent le travail. L’entreprise devient la « Maison Esnault » : quand on met ainsi son nom en avant, c’est parce qu’on est fier de ce que l’on vend
Au début, ils s’installent dans les galeries marchandes, les centres commerciaux, Ils sont une fois par mois au Super U de Tinténiac. Ils renouent avec l’aspect ambulant du commerce et ne comptent plus les heures d’une journée entre les achats, les préparations, les marchés, le remballage, l’administratif etc…
Il faut de la persévérance parce que sur les marchés, il faut créer sa place, fidéliser les gens, développer une clientèle… Puis s’installer durablement sur des marchés bien fréquentés comme le marché des Lices où ils sont depuis 7 ans et désormais titulaire de leur emplacement, le marché estival du Domaine des Ormes, celui de Dinan et dernièrement celui de la Chapelle Chaussée qui marche très fort.
« Il ne faut pas compter ses heures, c’est assez énorme. Une journée type, pour un marché comme celui des Lices : il me faut quasiment une journée entière pour préparer mon camion et les produits. Puis une fois sur place, sur le marché, il faut quasiment 2h pour mettre en valeur les vitrines. Une fois que le marché est terminé, il faut remballer, puis à la maison, tout stoker, nettoyer, faire la vaisselle, ranger donc facilement 2h de boulot encore. » Explique Tiphaine
Chaque début de semaine, Ils passent leurs commandes et visitent leurs fournisseurs à Rungis notamment. Ils font leurs achats hebdomadaires en gérant leurs quantités… Ils connaissent personnellement tous leurs fournisseurs, des artisans qui transforment au fur et à mesure des commandes. Ils proposent aussi de plus en plus de produits locaux, en collaborant avec des producteurs, comme la poire du Quiou, des producteurs de fraises, certains fromagers, des fabricants de pâtes fraîches qui sont faites sur commande le lundi.
« On ne vend rien qu’on ne mangerait pas nous-mêmes, et nous sommes un peu gourmets. Pour choisir nos produits, nos fruits, on les goûte avant, on cherche ce qui nous plaît en se disant que c’est ce qui plaira aux autres aussi… Manger de bon fruits et légumes, bien mûrs et avec de vrais goûts c’est souvent un challenge aujourd’hui… Donc, même si nous ne sommes pas directement des producteurs, c’est ça qu’on cherche à proposer : que les gens soient contents lorsqu’ils croquent dans un fruit »
Pour maintenir des prix accessibles au plus grand nombre, ils négocient avec les fournisseurs en permanence. Les tarifs sont dégressifs en fonction des quantités
« Voir certains prix qui s’envolent parfois ça nous attriste, parce qu’on sait qu’alors « bien manger » devient moins accessible aux revenus modestes. On connait notre clientèle, nos habitués, et c’est un challenge de leur offrir qualité et prix raisonnable. »
Et pour ça, on peut faire confiance à Mickael : il a la réputation d’être un excellent négociateur, d’autant que sur les marchés comme Rungis, il n’y a pas de prix, tout se passe à la parole et à la poignée de main.
La crise du COVID a été très dur au début car comme beaucoup, ils ont été interdits de « déballage » pendant deux mois. Mais depuis ça va mieux…
« Et puis, il y a eu l’aventure BVBR. Ça nous a bien aidé, à l’époque. Le projet BVBR est ambitieux dans sa volonté de mettre tout le monde autour de la table. Ce n’est pas facile, il y a encore du travail à faire »
Un bel échange et une belle collaboration donc, puisqu’en retour ils nous ont permis de démarrer et continuent de nous régaler dès cette semaine sur le marché ambulant..
Au fait, les clémentines de Corse ? C’est bientôt ?