Mickaël nous accueille à Évran, sur l’un de ses deux sites de production.
Le projet Cernunnos est né en 2020 lors du premier confinement. Mes parents maraîchers (Arôm’éthic) avec lesquels je travaille depuis plusieurs années, ont alors été confrontés à de grosses difficultés d’approvisionnement en semences en raison de la désorganisation logistique liée à la pandémie. On a pris conscience de la nécessité d’être encore plus autonome dans cette partie amont de la production. Et plus généralement de renforcer la résilience du territoire. L’idée de produire et de distribuer des semences pour les jardiniers amateurs est alors née.
En quoi consiste le métier de semencier ?
Je cultive comme un maraîcher sauf que je vais au bout du cycle végétal de la plante. Pour les variétés annuelles, je récolte la même année. Pour les variétés bisannuelles, je laisse monter les plantes en graines que je récolte l’année d’après. Je les sèche, les nettoie, les trie puis les stocke. Je conditionne en sachet au fur et à mesure de la demande afin d’éviter une surcharge de travail. Je peux ensuite les distribuer pendant plusieurs années selon l’espèce, tant que le taux de germination reste convenable.
C’est simple, en fait ?
En tout cas, c’est à la portée de tous. Il suffit d’expérimenter. Mais pour un semencier professionnel, c’est plus compliqué. D’abord les obligations réglementaires sont beaucoup plus fortes que pour le maraîchage. En effet, des graines contaminées peuvent rapidement altérer des milliers de plants et provoquer au final des pertes de récolte importantes. On l’a connu par exemple en 2020, avec le virus de la tomate qui s’est propagé en Bretagne à partir de semences d’origine néerlandaise.
On doit tenir un cahier de culture recensant les symptômes observés, les mesures prises… On doit aussi respecter un taux de germination pour chaque espèce, un test est effectué tous les ans sur toutes les variétés du catalogue . On est inspecté deux fois par an. Des prélèvements de feuilles sont effectués sur les espèces sensibles aux maladies comme la tomate, le poivron ou le haricot… et analysés en laboratoire.
A quoi correspond le taux de germination indiqué sur les sachets ?
Après la récolte et le tri, je réalise un premier test de germination sur 200 graines avant la mise en sachet. Le taux de germination doit être supérieur au minimum attendu pour l’espèce, fixé par la SEMAE : entre 60 % et 90 %. En général, le taux de germination chute à partir de la 4ème année de stockage. Tout dépend des conditions : l’idéal est en dessous de 24°C et 60% d’humidité.
C’est quoi, de bonnes graines ?
Ce sont d’abord des graines ayant un taux de germination élevé (+ de 80%), puis idéalement adaptées au contexte local (sol, climat…) et donc distribuées dans la région où elles ont été produites. Ce sont ensuite des graines issues d’une sélection. Par exemple, je ne laisse monter en graines que les betteraves les plus grosses et les plus saines. Ou encore je ne récolte que les plus belles tomates, les plus conformes à la génétique originelle, sur les plus beaux pieds. Ce sont aussi des graines adaptées, au fil des générations. Aujourd’hui par exemple, j’arrive à la 4ème ou 5ème génération sur certaines variétés de tomates, aubergines et poivrons : elles sont de plus en plus résistantes aux maladies.
Qu’est-ce qu’il y a aujourd’hui dans ton catalogue de graines ?
Je me concentre sur les variétés destinées à l’alimentation. D’abord les fruits et légumes : aubergines, tomates, concombres, courges, radis, salades, choux, carottes, haricots, poireaux et plus encore… Mais aussi les aromates et les fleurs comestibles. Je vise à maintenir un catalogue entre 100 et 150 variétés, avec chaque année de nouvelles en production pour offrir aux jardiniers fidèles à Cernunnos de quoi compléter leurs tiroirs.
Où peut-on trouver tes graines ?
On peut bien sûr acheter mes graines sur le site du marché ambulant de BVBR . Commandez mes sachets à partir de dimanche pour une livraison près de chez vous le vendredi. Je propose des petits sachets afin de réduire le prix (exemple : 15 graines de tomates pour seulement 2€) et permettre aux jardiniers de cultiver plus de diversité.
Pour en savoir encore plus sur notre démarches et accéder à tout mon catalogue, rendez-vous sur notre boutique en ligne.
Je suis également présent dans les établissements partenaires (nombres de variétés limitées) situés à Évran, Saint-Hélen, Dinan, Dinard, Montauban, Melesse et Châteaugiron et sur certains événements à proximité d’Évran, de l’automne au printemps.
Des projets ?
Oui, beaucoup ! L’objectif est d’abord de maintenir et de développer l’activité. Peut-être distribuer un peu plus loin en Bretagne.
J’envisage de cultiver essentiellement sous tunnel afin de mieux me protéger des aléas climatiques, de plus en plus fréquents. Par exemple, l’été 2023, pluvieux, a vraiment compliqué les récoltes…
J’aimerais aussi créer un réseau de production en m’appuyant sur des maraîchers à proximité d’Évran.
Et pour finir, un conseil pour les jardiniers amateurs ?
N’achetez pas mes graines !
C’est une boutade bien sûr. Néanmoins je considère que chaque jardinier devrait produire ses semences afin de favoriser la biodiversité et la résilience locale. Sur mon site, j’explique d’ailleurs pas à pas comment produire la variété choisie. Mais de toute façon, il faudra toujours expérimenter, tâtonner et progresser de façon empirique, comme le faisaient nos grands-parents…