
En mars 2025, Blanche prend ses fonctions de maraîchère aux Tiers lieu Les Serres, aidée par Laurent. Leur mission : cultiver des légumes qui seront remis aux Restos du Cœur pour être distribués aux bénéficiaires.
De sa plus tendre enfance à aujourd’hui, le parcours de Blanche suit une même trajectoire : l’envie d’aider les autres, de leur apporter une tranche de nature dans l’assiette pour que les maladies se tiennent tranquilles. Il lui aura fallu plusieurs années et de multiples expériences pour arriver à trouver une voie lui permettant de concilier son amour de la nature, l’envie d’aider la terre à produire ce qui nous nourrit jour après jour et la conviction profonde que le lien social est notre richesse.
Le parcours de vie de Blanche est une multitude de petites graines qui vont être semées jour après jour pour aller vers ce qui l’anime : promouvoir une alimentation saine avec une attention particulière pour les plus démunis.
Blanche a grandi en banlieue parisienne au sein d’une famille dont les parents blessés par la vie dès leur tendre enfance n’ont pu développer et nourrir le lien social. Pourtant, le regard qu’elle portait sur son environnement lui a montré au contraire que les autres, dans leur grande diversité, étaient porteurs de tout ce qui fait que le monde est beau : les rencontres, les échanges, la solidarité malgré les différences. Ces premières années de vie ont constitué le terreau de ses futures convictions. Blanche explique : « Je me suis construite à travers et avec ça. Les autres étaient ma solution ». C’est à la naissance de ses 3 enfants qu’elle va pouvoir s’ancrer et se projeter dans un futur professionnel « Mes enfants m’ont donné confiance en moi et surtout m’ont permis de renaître».
Et en toute logique, c’est dans le soin à la personne que Blanche a choisi de s’impliquer : « Prendre soin des personnes fragilisées m’a amenée à appréhender différentes pathologies, à partager des expériences avec différents acteurs médicaux et paramédicaux et aboutir à cette évidence que la santé passe par l’assiette. » Très vite, au-delà des injonctions du système de santé, elle acquiert la certitude qu’une bonne santé physique et psychologique trouve ses racines dans une alimentation saine. « Ce qui m’animait était de trouver comment prendre soin des personnes en amont des maladies, dans le cadre de la prévention. C’était comme une graine endormie à laquelle je devais donner vie ».
Mais comme la vie n’est pas un long fleuve tranquille, un divorce vient bouleverser l’ordre des choses et elle est contrainte de quitter la Bretagne, où elle habitait depuis la naissance de ses enfants pour repartir dans la banlieue parisienne où elle avait son réseau social. Et c’est là qu’elle va exercer durant plusieurs années la fonction de coordinatrice en hygiène et sécurité des bâtiments municipaux de Noisy-le-Sec car la responsabilité de la restauration scolaire avait suscité son intérêt pour ce poste. Toujours en quête d’une petite graine à faire germer, elle va lutter pour introduire les produits locaux dans le repas des enfants dans les cantines scolaires de la ville. Mais après plusieurs années et quelques victoires en faveur d’une alimentation saine, elle repart vers la Bretagne en 2008 pour échapper à la violence grandissante des banlieues.
En parallèle de plusieurs missions successives et d’investissement associatif notamment au sein du Pôle de l’Economie sociale et solidaire de Saint-Malo en tant qu’administratrice puis adhérente, elle s’investit tête baissée dans un projet de jardins partagés dans un quartier sensible de Saint-Malo en participant activement à un projet associatif, « Les marteaux du jardin », visant à implanter des petites parcelles partagées au pied des immeubles.
En 2017, après plusieurs années à mûrir sa décision, elle décide de se lancer dans une formation de
responsable d’exploitation agricole avec le CPSA de Combourg pour se lancer dans le maraîchage avec l’idée d’accueillir des personnes en situation de handicap dès que possible. Le temps de trouver des terres disponibles, d’obtenir les aides au lancement, elle se lance au printemps 2019, juste avant la période Covid, s’ensuivent deux années de climat peu propices aux cultures puis des problèmes de santé dans sa famille qui vont venir enrayer la belle mécanique. Avec un brin de tristesse dans la voix, Blanche m’explique qu’elle a dû abdiquer en évoquant la chanson de Cabrel « Dans les premiers moments, j’ai cru qu’il fallait seulement se défendre. Mais cette place est sans issue.»
Mais comme la vie a plus d’un tour dans son sac, c’est juste à cette période qu’elle voit l’offre d’emploi de Bien Vivre en Bretagne Romantique qui recrute un.e maraîcher.e pour un projet de maraîchage solidaire. Elle n’en croit pas ses yeux, la boucle est bouclée : elle va pouvoir travailler avec la terre (plutôt que travailler la terre) pour donner des légumes à ceux qui ont en le plus besoin et sont le plus éloignés d’une alimentation saine et durable.