Être éditée, ça m’est arrivé un peu par hasard. En 2013, La Gidouille, toute nouvelle maison d’édition bretonne, lançait un appel à textes. J’avais quelques nouvelles que je n’avais fait lire qu’à mes amis et ma famille, qui avaient été très gentils avec moi. L’occasion se présentait d’avoir un regard professionnel sur mes écrits. J’ai donc envoyé mon recueil à La Gidouille, m’attendant à recevoir un petit mot du type « Merci beaucoup, on vous recontactera » ou « Continuez comme ça, vous êtes sur la bonne voie » ou même « Vous n’avez pas un autre métier ? »…
Au lieu de ça, j’ai reçu un coup de fil enthousiaste :
– Bonjour c’est Yves, de la Gidouille. On a un vrai coup de cœur pour vos nouvelles et on voudrait publier le recueil. Il faudrait en écrire deux ou trois de plus. C’est possible ?
– Gloups !
C’était la première fois qu’on me passait commande. J’étais ahurie (et aussi un peu surexcitée, il faut bien le dire !). « Garde-Robe » est sorti en 2014. De 2013 à 2020, j’ai eu la chance d’avoir un texte sélectionné dans les merveilleux recueils collectifs de leur collection Variations. Et en 2016… mon premier roman « Les Valises » a été édité chez Gallimard-Jeunesse !
J’ai toujours écrit, d’aussi loin que je m’en souvienne. Et à l’époque, je croyais que tous les ados écrivaient, de la même façon que tous les enfants dessinent… que c’était une évolution naturelle, et que juste certains continuaient et d’autre non.
J’ai découvert assez récemment que ce n’était pas le cas (même si aujourd’hui tous les ados écrivent, mais avec leurs pouces!). En tout cas, moi je n’ai jamais cessé d’écrire : des poèmes, des nouvelles, des chansons, des textes pour le théâtre, des contes… Et j’ai la chance de pouvoir les partager sur scène depuis une trentaine d’années.
Car avant d’être romancière, je suis comédienne, chanteuse, conteuse, metteur en scène et je m’occupe de l’administration de plusieurs structures, dont ARTOUTAÏ Productions, compagnie de spectacle très présente sur le territoire de Bretagne Romantique.
Alors, me demanderez-vous, comment ai-je réussi à écrire avec tout ça ? Et bien, je grappillais du temps où je pouvais. Par exemple, « Les Valises » a été écrit en grande partie dans ma voiture, sur le parking du centre équestre de Landujan, ou sur le parking du SIM à Tinténiac. J’y emmenais mes enfants et je profitais de cette heure de liberté hebdomadaire durant laquelle je n’avais rien d’autre à faire, où je n’allais pas passer devant la pile de factures à traiter, devant l’évier plein de vaisselle ou le panier à linge qui criait : « Au secours, je déborde !!! »
Bon, maintenant que ma fille a son permis et va toute seule à l’équitation, il faut que je trouve d’autres astuces pour finir mon deuxième roman, surtout qu’il y a déjà le troisième qui pousse derrière la porte!! Et depuis que j’ai gouté à la joie d’être publiée, et à tout ce qui va avec (les salons du livre, les retrouvailles avec les autres auteurs, les rencontres scolaires, les prix littéraires…), j’ai hâte de recommencer.
Et de répondre encore à la question qu’on me pose invariablement : d’où vient mon inspiration ? Elle ne vient pas, elle est toujours là ! Dans les gens que je croise dans la rue ou au supermarché, dans les informations à la radio, dans le jeu de la lumière du soleil sur la feuille d’un arbre, dans le reflet d’une jeune fille dans la fenêtre du train, dans une pensée saugrenue qui passe par là sans que je sache bien pourquoi… dans tout cela il y a une histoire, ou mille qui existent. Il suffit d’aller les dénicher.
J’ai parfois l’impression d’avoir des antennes et de capter un canal spécifique qui ne parle qu’à moi. J’écoute, j’écris, et voilà ! Il y a d’ailleurs tellement d’histoires un peu partout autour de moi que je me dis que si j’avais le cerveau relié directement à un traitement de texte, j’aurais déjà écrit l’équivalent de la Pléiade sans avoir besoin de trouver un parking à squatter !
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Crédit photographique Richard Volante