Le 28 janvier, nous étions une trentaine à plancher sur le « tiers lieu » que nous voulons pour demain, comment on l’imagine, ce que l’on en attend, quel sera son design paysager et comment on le mènera ensemble, ce lieu tant attendu. La diversité des participants, de tous les âges et de toutes les catégories socio-professionnelles, a contribué à la richesse des échanges.
Voici la restitution de cette journée, livrée de manière brute afin de ne pas dénaturer la teneur des échanges et contributions de la journée. Bonne lecture !
Après un accueil des participants autour d’un café-viennoiseries bien mérité, Bernat, animateur de la journée, nous met illico au travail avec une première séquence « Rêves et cauchemars de chacun et chacune ».
Pour les rêves, un consensus se dessine, le tiers lieu sera :
- Un lieu d’apprentissages, de rencontres, de mélanges
- Un lieu chaleureux, convivial
- Un lieu de production alimentaire (mais qui ne fait pas concurrence aux producteurs locaux partenaires)
- Un lieu autonome, en lien avec les habitants, les producteurs et les acteurs du territoire
- Un lieu relié au vivant
- Un lieu de mise en commun et de créativité
- Un lieu coloré
Dans le registre « cauchemars », nos pires craintes sont qu’il soit ou devienne :
- Un lieu dégradé, en friche, abandonné
- Un lieu déserté
- Vide de sens et de cohérence
- Un lieu inaccessible
- Avec un fonctionnement dirigiste, une organisation verticale
- Un lieu dépendant
L’atelier suivant nous permettra d’exprimer ce que chacun attend du lieu. Alors là, les propositions vont bon train :
- Qu’il propose plusieurs ateliers culinaires jardinage, culturels, bricolage etc. pour permettre une ouverture vers les actifs et un partage
- Qu’il soit source d’apprentissages, d’expérimentations et de partages (idées, relations, ressources)
- Qu’il permette de pratiquer, d’apprendre, d’échanger toutes les techniques, de la graine à l’assiette sans oublier le brin de culture
- Qu’il vive autour d’un calendrier d’animations, d’ateliers
- Qu’il permette la réhabilitation de la grande serre et sa valorisation
- Qu’il propose des espaces de travail créatifs et d’échanges
- Que ce soit un lieu de ressources, d’échanges de pratiques : boire, manger, jouer, danser
- Qu’il soit un lieu accueillant au sens large sans barrières et nourrissant dans toutes les acceptions
- Qu’il permette d’éprouver du plaisir en y venant, toute l’année, des rencontres, des échanges
- Que ce lieu soit une oasis ouverte à tous
- Que ce soit un lieu où on soit heureux de venir
- Que ce soit un lieu de rencontres dans la bonne humeur
- Que le lieu soit ouvert à tous, en le faisant connaître pour qu’il ne soit pas sélectif et réservé
- Que les jeunes enfants y viennent mettre les mains dans la terre
Ensuite, on passe aux choix d’aménagement du lieu, à partir des esquisses faites par les étudiants du CPSA de Combourg (un grand merci à eux !)
Mais avant de se lancer dans le choix à proprement parler, Bernat nous demande de réfléchir à nos critères de choix :
Voici une compilation de nos critères, l’aménagement choisi pour le lieu doit être :
- Agréable, harmonieux, chaleureux et esthétique
- En harmonie paysagère et équilibré entre naturel et artificiel
- Végétalisé
- Accueillant et facile d’accès pour tout public et inclusif
- A capacité humaine et financière donc faisable
- Avec des espaces structurés, différenciés, lisibles, curieux
- Adapté aux différents besoins
- Fonctionnel
- Durable avec des persistants
- Facile d’entretien
- Bref, qu’il soit vivant (Faisable, cohérent, interactif, coopératif, ouvert, prospère, stimulant, fertile à l’image des idées qui l’animent)
Ceci étant fait, les membres de la Commission Jardin (Sam, Noah, Matthieu, Romain), commentent un à un les 5 projets dessinés par les étudiants du CPSA.
Des ambiances et des choix de design différents mais un réel engagement et des propositions très intéressantes. Le choix est difficile ! Le vote est lancé : chaque participant.e dispose de 15 gommettes qu’il positionne comme bon lui semble parmi les 5 propositions divisées en trois zones distinctes (l’entrée et le parking, l’espace de convivialité et la place du village).
Et voilà le résultat du vote :
- Espace n°1 : C’est le projet de la Place du village qui l’emporte avec 35 votes
- Espace n°2 : C’est le projet de la Place du village qui l’emporte avec 35 votes mais à noter que le projet de La Noue remporte 33 votes
- Espace n° 3 : c’est le projet de la Noue qui l’emporte avec 61 voix
Dans le détail, certains sous aménagements des différents projets pourront être repris ou réétudiés.
Il s’agit d’un vote « entonnoir » qui permet de choisir les grandes orientations du projet à réaliser
En complément de ce vote chaque participant est incité à envoyer par mèl son explication de vote afin de permettre à la commission ad hoc de préciser ses travaux.
Après la pause repas apprêtée avec brio par les membres de la commission « Alimentation », à savoir Pascaline, Yolande, Sylvie, Arlette, Maud, un rappel synthétique des grands principes et des intentions qui guident le projet du lieu « Les Serres » est présenté par Corto.
Une nouvelle série d’ateliers commence alors.
« Qu’est-ce que le Lieu peut m’apporter ? » avec la consigne : une seule réponse individuelle et un seul carton
Le groupe a encore une fois répondu de façon unanime :
- Du lien social, du partage, des rencontres, de la convivialité, de l’animation
- Un lien interactif avec le territoire
- Un lieu pour agir concrètement
« Qu’est-ce que nous pouvons apporter collectivement ? :
- Tout d’abord des compétences divers et variés,
- Ensuite de la la présence, de l’enthousiasme, une bonne énergie humaine,
- Du réseau, des ressources matérielles et des outils.
« Qu’est-ce que je peux apporter au Lieu ? » : qu’est-ce que je sais faire et que j‘ai envie de faire pour le Lieu :
- Du très concret
- Des balles de babyfoot
- De l’aide à l’organisation
- De la coordination et de l’organisation (cuisine couture, peinture, réfection, débats, planning
- L’organisation d’événements
- Participer à la mise en œuvre d’une vision du vivre ensemble dans une dimension transversale et holistique
- Du reiki (équilibrage énergétique)
- Des coups de main pratico-pratiques
- Des coups de main dans plein de domaines
- De la conduite de travaux
- Du bricolage
- De la polyvalence
- Jardiner
- De la facilitation
- Un œil bienveillant
- Une oreille attentive
- Travailler dans la bonne humeur
- Aménager, embellir
- Des compétences d’organisation et de gestion
- Administration comptabilité
- Des outils numériques et organisationnels
- Des processus de qualité
- Rédiger
- A la cuisine et à l’accueil
- Gestion de la cuisine
- Alimentation et cuisine
- Tisanes
- Copilote barman
« Dans quel schéma d’organisation, de gouvernance je pourrais m’inscrire ? Nous pourrions nous inscrire ? »
Chaque groupe propose un schéma dessiné qui décrit les idées d’organisation souhaitées, envisagées.
Suite à l’exposé des schémas d’organisation une discussion en grand groupe met en exergue les points fondamentaux de la gouvernance d’un tel projet.
Questions sur la sociocratie :
Comment maintenir une dynamique de sociocratie à l’échelle d’un territoire ?
Est-ce compatible avec des projets de long terme qui concernent du foncier, de l’aménagement, avec de multiples partenaires ? Avec des gens aux responsabilités qui changent souvent. Des projets qui demandent parfois des prises de décision sur des délais très courts.
Est-ce qu’il n’y a pas un risque de dilution du projet ?
Echanges et débats :
« En fait dans notre proposition, c’est un outil qui a été mis en regard de l’organisation actuelle de l’association, de son mode de prise de décision »
« Dans le CA il y a quand même des membres permanents, des gens capables de prendre certaines responsabilités ? »
« Tout cela (organisation selon la sociocratie) est discutable, ce n’est pas un modèle fermé. Il faut absolument que ça naisse de la base, que les représentants aient un double lien avec chaque commission. Il peut y avoir aussi des membres du CA, élus par l’AG par exemple »
« L’AG peut mettre en place des outils qui fixent le cap, comme une charte, qui peut être réinterrogée tous les deux ans par exemple lors d’un séminaire comme celui que nous venons de vivre aujourd’hui.
On peut mettre en place un cercle de fondateurs qui va être dans la permanence au CA, groupe qui peut avoir son propre cercle »
« Tout le monde dans un CA est apte à prendre des décisions, dans la mesure où les questions sont documentées et que les décisions se prennent collectivement, après que chacun ait donné son avis. Le CA n’est pas qu’un lieu de décision comptable. Il n’y a pas besoin d’être banquier, juriste ou autre… Par contre, il est intéressant d’avoir des profils différents. »
« Le CA est composé de citoyens, élus à chaque AG, tous les membres peuvent se présenter. Jusqu’à présent on n’est pas assez nombreux au CA. Ceux qui y sont, sont aux ¾ des membres fondateurs, plus par défaut d’autres candidats »
« De l’importance de faire vivre ces commissions qui sont de fait le vivier des futurs membres du CA, et de l’articulation entre les commissions et l’organe qui les coordonne, qui en rassemble les propositions, actions et délibérations. »
« Notre projet nécessite de l’engagement. Quand cet engagement n’est pas assez assumé par le collectif, quelques personnes se retrouvent obligées de l’assumer, par défaut, et se retrouvent piégées dans un fonctionnement en cercle trop restreint. »
« D’où l’importance, au-delà du fonctionnement des commissions, d’avoir des moments comme celui d’aujourd’hui pour assurer un véritable partage des tenants et aboutissants du projet. Souvent dans les associations on cherche à élire un CA qui fait vivre l’association, alors que c’est le contraire qu’il faut faire. La commission est un lieu plus ouvert, un lieu d’échanges, d’apprentissage, de découverte qui peut permettre à chacun de rentrer dans un autre cercle, plus large, de s’approprier la globalité du projet, de partager aussi ce que font les autres commissions…
C’est un point de vigilance à avoir, de maintenir des moments qui permettent à tous de partager la globalité du projet »
« Il faut aussi que chacun ait envie de transmettre, de faire connaître autour de soi… Pour cela chacun a besoin de se sentir à l’aise dans le fonctionnement, dans l’ambiance générale »
« C’est dans un dialogue au sein d’une commission, entre la commission et le CA qu’on peut aboutir à la réalisation de certains projets très concrets. Il faut donner envie de participer au CA. Pour cela, il faut savoir que les CA se terminent par un repas, que c’est très convivial »
Mode d’emploi pour celles et ceux qui voudraient participer au CA : RDV à la prochaine AG.
Les CA ont lieu une fois par mois, à 18h30.
“On cherche le mode de fonctionnement idéal, mais il faut être conscient qu’on a quand même un fonctionnement en CA qui nous permet d’être assez réactif, on ne décide pas tout, juste une fois par mois. On a des outils qui permettent de prendre des décisions rapides pour répondre aux questions du quotidien. On est hyper audacieux et innovants, on est restés une initiative citoyenne, où le projet est au service de l’initiative citoyenne. On est reconnus pour ça. En comparaison de nombreux tiers lieux ou autres lieux de ce genre sont souvent représentés par des gens qui ont créé leur propre emploi, ou ce sont des lieux à l’initiative de collectivités, avec des salariés et des moyens financiers. Ici on est dans un lieu que des citoyens, des habitants du territoire de la Bretagne romantique ont acté, acquis pour leur projet. L’équipe salariée a bien intégré cet aspect. C’est très innovant qu’on continue à garder ce principe, à le maintenir vivant dans un contexte de bénévolat fragile.
“On a des choses qui marchent bien au niveau des commissions : rédaction d’articles sur le site, écriture de la newsletter hebdomadaire, alimentation, finances, dans la mesure où elles sont prises en charge par des gens passionnés, des « pépites ». On ne part pas de rien. Il faut aussi regarder tout le positif déjà acquis”
“Le travail fait aujourd’hui est de nature à améliorer encore l’acquis, à faire que ça « produise, génère » encore plus
De l’importance de la communication, de la formation sur le thème « comment ça fonctionne ».
“La communication passe aussi par des moments comme aujourd’hui qui nourrissent la motivation, l’engagement de chacun.”
“De savoir que l’on partage avec un collectif, un projet commun, cela donne une certaine sérénité, l’idée qu’on n’est pas tout seul.”
Témoignage de Noah, alternant à BVBR : « au fur et à mesure que je participe aux CA j’apprends plein de choses, je fais le lien entre diverses infos. Cela permet d’avoir une vision globale des choses. »
“Il peut y avoir des invités lors de certains CA pour partager certaines informations et expériences. On a un besoin à la fois de permanence et de transmission au sein du CA pour assurer la gestion du projet dans son développement sur le temps long”
Pour conclure, ce fut vraiment une journée riche qui donne du sens à notre projet et nous donne envie d’aller plus loin, forte de toutes ces énergies citoyennes. Un grand merci à Bernat qui a animé la journée, à tous les participant.e.s pour leur bonne humeur et leur enthousiasme et à tous les bénévoles qui ont contribué à l’organisation de cette journée.