Ça pousse Marguerite ou le goût des fleurs locales

C’est en 2022 que la ferme florale « Ça pousse Marguerite » a vu le jour. Le fruit d’un long périple pour Émilie, partie de Paris en 2010 où elle officiait en tant que fleuriste. Passionnée par les fleurs depuis son adolescence, c’est tout naturellement qu’elle s’est dirigée vers cette filière. Ses parents ont-ils eu une prédilection en lui donnant comme deuxième prénom Rose ?

Après une quinzaine d’années en tant que fleuriste, elle décide de quitter la région parisienne et son métier pour débarquer en Bretagne. La réalité de ce secteur était bien trop loin de la vision qu’elle en avait : les fleurs qui arrivaient par camion, toutes calibrées de la même manière, conçues pour être parfaites, l’éloignaient de son amour premier. Pour Émilie, chaque fleur est différente, a une âme qui lui est propre et raconte une histoire.

Après une conversion professionnelle dans le secteur de la petite enfance, c’est huit ans plus tard qu’elle renoue avec sa passion première au hasard d’une rencontre avec le producteur d’une ferme florale. Ce fût un véritable déclic : il était possible de cultiver sa matière première et de vivre de la vente des fleurs. C’est alors le début d’un long parcours avant de se lancer. Émilie a d’abord testé le maraîchage, qui présente de nombreuses similitudes avec la floriculture, notamment pour les techniques de planification et le respect des saisonnalités. Puis elle est entrée en contact avec des professionnels déjà installés, en s’appuyant notamment sur le Collectif de la Fleur Française https://www.collectifdelafleurfrancaise.com/ , une association qui a vocation à soutenir une floriculture responsable et à faire évoluer les pratiques de consommation.Toutes ces retours d’expériences l’ont confortée dans son choix : elle allait devenir floricultrice.

Le marché de la fleur locale est en pleine expansion, les consommateurs étant de plus en plus nombreux à faire le choix d’une production locale et éthique. Il faut savoir que les fleurs issues de l’industrie florale conventionnelle sont cultivées en grande majorité à l’autre bout du monde, transitant par la Hollande avant d’arriver en France. Le bilan carbone du bouquet de roses offerts à la Saint-Valentin est de ce fait loin d’être anodin. De plus, elles sont souvent gorgées de produits phytosanitaires, ce qui n’est pas sans incidence sur la santé. Les fleurs produites localement ont l’avantage d’être plus odorantes et d’avoir une durée de vie plus longue que les fleurs issues de l’importation.

Plus motivée que jamais, Émilie s’est donc engagée dans une formation d’une année avec le CIAP (Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne) dont l’objectif est d’accompagner les futurs producteurs tout au long du processus d’installation. Cette période lui a permis de commencer l’installation de son espace de production tout en bénéficiant des conseils de son référent et de faire face à la complexité administrative inhérente à une création d’entreprise.

Elle installe sa ferme sur un terrain de 5 000 m², dédiée pour partie à la culture en plein champ et sous serres, avec 4 tunnels froids. En cours de certification biologique, elle s’approvisionne en graines bio dans l’idéal ou non traitées, le marché étant encore émergent. La démarche étant de s’abstenir de tout ajout de produits, pour garantir la qualité des sols.

Pour assurer un bon approvisionnement en fleurs de couleurs et de formes variées et complémentaires tout au long de l’année, elle doit se livrer à un travail de planification bien en amont de la production. La qualité et l’esthétique des futurs bouquets se jouent à cet étape-là. Si les anémones et les tulipes arrivent dès le mois de mars, les immortelles, les zinnia et les cosmos sont plutôt des fleurs d’été. Notre floricultrice aime particulièrement les dahlias, qui offrent une grande variété avec près de 150 tubercules différentes. Son objectif est d’en doubler la production en 2024.

La production d’aromatiques vient compléter la production florale, apportant une touche odorante aux bouquets. De la même manière, elle complète son offre en fleurs adaptées au séchage, qui connaissent un regain d’intérêt auprès des consommateurs.

La question de l’irrigation est également cruciale : Émilie a mis en place une irrigation en gouttes à gouttes avec un complément au jet si besoin mais compte améliorer son installation au fil du temps. Elle anticipe en choisissant des variétés moins demandeuses en eau et en les protégeant avec un paillage.

La vente se fait auprès d’un réseau de fleuristes qui viennent s’approvisionner à la ferme, sur des marchés locaux ou événementiels, sur le lieu de production sur rendez-vous et bien sûr sur le marché ambulant de BVBR. Alors n’hésitez pas à commander des bouquets pour égayer vos maisons tout au long de l’année.

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